Seulement ici
Consolations
Ces mots s’adressent à celle dont les larmes ruissellent,
Elle est inconsolable, je sais que tout l’accable
Et pourtant l’étincelle, sa foi et son missel,
Rendent le monde désirable, combien même coupable.
A tous la même fin, poussières sur le chemin,
Mais avec de l’amour, un peu plus chaque jour,
Il y a comme un parfum de meilleurs lendemains.
Partageons un parcours, de bonté, pour toujours !
Amis de plumes virtuelles, où rien n’est perpétuel.
Quand la peine est sincère, tous les liens se resserrent,
Du Nord à Ramatuel pour soigner les séquelles,
La perte d’un grand-père, pour la fée un repère,
Telle consonne et voyelle, des mots en ribambelles,
Un court passage sur terre mais avec caractère !
La forme et le fond
Je n’ai pas la patience d’un Thoreau qui reprenait et réécrivait ses textes et ses phrases, autant attentif au fond qu’à la forme. C’est pour moi, avoir conscience de la haute valeur de ce que l’on écrit ou alors un manque de modestie…
Bien entendu, il peut aussi s’agir de style, de vouloir améliorer et formuler la plus belle phrase, la meilleure locution. Flaubert éprouvait le besoin de crier son texte afin d’être certain de sa perfection.
Il m’arrive de “gueuler” dans ma tête mais je n’éprouve pas le besoin de me relire à haute voix. Je fais en sorte avec l’expérience de ne pas faire de phrases trop alambiquées et pas trop longues non plus.
Le plan
Parmi les questions que je me pose, il y a t-il nécessité d’un plan ?
D’une ossature de raisonnement pour rédiger un texte un peu plus long ? Est-ce que cette charpente, l’auteur doit la bâtir en amont puis à la façon d’un sculpteur qui travaillerait de la glaise sur une structure en toile métallique semblable à du grillage de poulailler, ajouterait au fur à mesure des boulettes de terre, pour augmenter ou magnifier, les arguments physiques du modèle ?
Pour poursuivre l’image de la sculpture on comprend bien que suivant les techniques, on modèle tout en ajoutant de la matière, tandis que l’autre facette de la fabrication serait de trier, choisir et surtout recycler, tout en retranchant de la matière, s’il te plaît…
En fait, cela dépend de la faconde du narrateur. S’il est bavard, il devra retrancher, s’il est avare de ces mots ou que ceux -ci lui parviennent avec difficultés, il sera obligé d’enrichir, de préciser, car une pensée trop lucide et concise va souvent droit au but dans une efficacité désertique, avec la sécheresse de mots bien rôdés et ayant faits leurs preuves, pas de fantaisies.
Belle plante
Je te parle tout bas, en secret, ma conscience…
Hier, dans l’escalier, fluide déhanchement
Maté en contrebas, Ô l’heureuse expérience…
Un plantureux fessier, pour maints épanchements.
La croupe charismatique balançait sous la jupe
Toute moulée de rouge, à tomber à genoux…
Lors, mon regard lubrique en tâtonnait la pulpe
Dès qu’une fesse bouge, elles disaient : “mange nous !”
Délicieuse voisine, dont je vois la terrasse,
Prends des bains de soleil, et ce, jusqu’à l’automne
Comme dans les magazines, vin rosé, de la glace
Et j’en perd le sommeil, tout me semble monotone
De l’huile ou margarine, aller l’enduire sur place…
Enveloppante merveille, mon cigare est atone…
Mieux se connaître
C'est aussi savoir quand s'arrêter. Parfois le poète se trouve être comme un prospecteur d'or. Tant qu'il est au bord de la rivière, la tête au soleil, à l'écoute du vent et du clapot de la rivière, ça va. Il respire, il est au grand air, tout est léger, spontané.
Parfois, en allant plus loin, dépassant les difficultés d'un chemin plein d'embûches, il gravit la montagne et trouve un filon, une mine. Alors il est heureux et se réjouis de donner le meilleur de lui-même, à creuser, exploiter ce filon, il se montre à lui même combien il maîtrise son souffle dans l'effort. Il tâte le terrain, le sonde, suivant les échos, les réponses des entrailles de la montagne, il s'adapte, prend des précautions, ressent le besoin de remonter à la surface, repartir enfiévré par la quête ultime, dénicher la plus grosse pépite...
Mais il demeure toujours dans la crainte, de réveiller la montagne, lui déplaire, dêtre pris sous un éboulement, subir un coup de grisou.
Alors sagement, quand il pense avoir parfaitement exploité la veine et que celle-ci ne le retiens pas avec d'autres promesses, il se retire, pour ne pas étouffer de son seul fait, de sa seule obstination. Il ne veut pas déplaire à la montagne, il va juste trouver une autre façon de la célébrer et de lui rendre hommage.
Écrire
Ne pas se laisser impressionner par la page blanche !
Voilà c’est fait ! J’entame, ici, maintenant, une route nouvelle, différente du journal habituel. Écarter la politique, la famille, les marottes d’écritures, pour ne laisser, présent que la spontanéité, le geste, la main fluide ou en suspend.
Respirer, inspirer, reprendre le chemin, ignorer les petites douleurs mesquines, s’attacher à l’élan salvateur, celui qui ne calcule pas. Le juste reflet de sa pensée, mouvante, fragile, ne pas se relire, ni se dédire, poursuivre, courageux.
Il n’y a rien à justifier, c’est ainsi incontrôlable, irrépressible, comme un flux, une nécessité, non pas un devoir, ni même une manie, plus troublant qu’un besoin, cela doit être, c’est tout, cela me déborde.
Je pose la pointe du stylo et il se met en branle, comme mue par lui-même, place une virgule, éventuellement quelques points et des mots, lesquels épousent ma pensée.
Si une tendre émotion me submerge, un souvenir entre en scène et la pointe hésite, s’agite puis rejoint la page pour graver sa trace.
Il m’arrive de craindre pour ma santé mentale. Suis-je à ce point déprimé, sublimement isolé ? Que je ne parvienne, à un humain, à me confier, plutôt qu’au papier ?
Est-ce une forme de repli sur soi ? A moins qu’il s’agisse d’un don, d’une envie de partager mais de façon différée, pour plus tard, plus loin, avec soi-même, plus vieux, ou le destiner à ses enfants.
La muse
Il arrive qu’une personne ou une cause soit facteur de motivation, de démultiplication de votre créativité ou de votre désir de bien faire, d’être en quelque sorte démonstratif de votre savoir faire.
Par ailleurs, cette personne ou cette cause peuvent être la source même de l’inspiration, c’est ce que l’on nomme une Muse.
Malheureusement ces rencontres ne sont pas très courantes, aussi quand on a trouvé la perle rare, il est judicieux d’entretenir la flamme pour en sublimer la fibre artistique. Mais attention la Muse n’est pas forcément lectrice de tous les textes ou théories qu’elle suscite.
Elle n’a pas forcément voix au chapitre et pouvoir de censure ou même d’émettre un avis sur la production de l’auteur, afin que celui-ci conserve sa liberté.
Une Muse ne devrait pas être incarnée, elle devrait être de l’ordre de l’idée, de l’espoir, de l’aspiration. Avec l’expérience cette entité peut tout à fait être virtuelle et seulement dans mon esprit, un savant mélange de souvenirs et de projections mentales.
Le temps d'un trajet
Cette fois je ne suis pas dans le sens de la marche. Le bus démarre et je découvre mon parcours à rebours. Certes, je le connais par cœur, mais je l'appréhende sous un autre angle. Et si c'était ça : la vie !
Je m'explique : A la naissance on embarque dans un véhicule dans lequel tous les sièges sont tournés vers l'arrière. On ne connaît pas le parcours, les arrêts, la destination et l'heure d'arrivée. Passagers souffrant de torticolis nous ne pouvons guère tourner la tête. Quatre-vingt-dix degrés sur la droite ou la gauche et c'est le présent.
Notre engin se déplace, si bien que la vision proche que l'on a eue est fugace, déjà elle s'éloigne de nous, elle n'est plus sur les cotés mais devant : c'est le passé. On ne peut que l'observer se dissiper. Il arrive que notre machine ait des ralentissements, on a plus de temps pour fixer l'image de droite ou de gauche. Pour peu que l'on perçoive le quart, la moitié d'un objet connu, on l'imagine dans son entier : c'est le futur proche.
On le croit accessible, on le pense certain. Notre progression se poursuit, l'objet apparaît, complet, et il arrive qu'il soit comme nous l'imaginions : le "projet" est abouti et nous avons été maître de notre destin. Le plus souvent l'objet nous présente une autre facette, une déformation, un manque : c'est la déception, notre "projet" n'existe que pour lui-même, il est hasard, donc erreur à nos yeux. Il défile et va rejoindre devant nous le paysage proche et lointain du passé.
Nous le cajolons encore du regard tandis qu'il s'éloigne : c'est la nostalgie.
Certains voyageurs prétendent avoir pu ôter la minerve, le carcan qui pèse sur leur cou. Ils racontent aux autres ce qu'ils ont vu du parcours "avenir", ce sont des charlatans de la pire espèce pour la plupart. Cependant, par miracle, quelques-uns uns ont décrit plusieurs objets dans le moindre détail : ils sont qualifiés de visionnaires. Le qualificatif étant, hélas, posthume, il n'a donc que peu d'intérêt.
Un voyageur qui parie sur l'objet dans son entier en décrivant la partie manquante, auprès de ses voisins, peut connaître la gloire. Mais elle aussi est fugace par rapport à la durée du voyage.
Les arrêts sont toujours brutaux, le conducteur crie les noms des passagers qui doivent descendre, ils obéissent : c'est la mort.
Ecrire
Seul, avec mes pensées, mes tentatives, mes tâtonnements. Il y a belle lurette que cela ne me fait pas peur, la solitude, et il y a déjà fort à faire pour s’entendre avec soi-même…
C’est l’une des clés semble-t-il ? Mais rien n’est simple et surtout pas l’âme humaine, laquelle foisonne de paradoxes.
“Le grain des mots”, faut-il entendre “la folie des mots” ? Il faudrait pour cela dépasser leur agencement, ne conserver que le rythme, les sonorités et oublier le sens. Vertébral, comme une cathédrale, se dépeindre par un nuage de mots, oublier, se laisser aller, bercer, scander, poser, simple libellule, la douce pellicule de surface, de poésie, d’harmonie, glissée, surfée, là !
“Je” est faible sans autrui, “Je” est seul sans une muse, “Je” a besoin de contacts et se frotter aux avis des autres.
Mais écrire est un acte solitaire qui requiert le silence.
“Je” jette des filets et retire seul le fruit de sa pêche. Ne sont compréhensibles que les avis déjà négociés, les truismes, les évidences du bon sens, le reste est lutte âpre, objet de domination, source de pouvoir, choix de compromis. Pour demeurer fidèle à soi, une intime conviction doit se forger.
Il arrive que les pensées se présentent comme un immense “mikado”, il faut pouvoir les extraire, une à une avec d’infinies précautions pour les formaliser. Et parfois le fouillis, la masse d’informations, de données à analyser, à traiter, s’écroule avant que l’on ait fait les bons choix, établi la bonne stratégie pour dérouler sa pelote et ordonner son propos, son discours, sa théorie et il n’y a plus qu’à tout recommencer.
Le problème c’est que l’intuition du moment, la fugacité de la vision est souvent partie, évaporée, ne vous laissant que la triste sensation d’avoir encore perdu une belle occasion.
Cette perception est d’autant plus vérifiée que je laisse beaucoup de place à la spontanéité de ma pensée, laquelle, parfois, se découvre à mesure que ma plume avance sur le papier. Je suis souvent surpris en me relisant, de voir, de constater que mes propos ont un sens. Et c’est cette façon de rédiger qui me donne parfois l’impression de n’être que l’instrument d’une dictée qui me viendrait d’ailleurs.
Quel est cet ailleurs ? Le subconscient ? Un arrière-plan de mes pensées ? Parfois j’aime à me penser qu’il s’agirait de Dieu ou d’un ange perché sur mon épaule et me soufflant à l’oreille, quoi dire, quoi faire, quoi écrire.
2024
C'est le début de l'année. Quoi de mieux pour se lancer de nouveaux défis ?
Un nouveau recueil de poésies en vue, à paraître au printemps ? Ce serait idéal. J'attends le retour de ma maison d'éditions sur le tapuscrit que j'ai transmis.
Ensuite, un troisième recueil à produire, plus orienté sur la poésie érotique, grivoise et émaillé de récits dans la même tonalité.
Pourquoi ? Ma réponse c'est surtout, pourquoi pas ? Après avoir évoqué l'Amour sous sa forme Courtoise, pourquoi ne pas s'égailler dans sa forme plus concrête, plus récréative et réaliste ? Et le format des nouvelles me permettra peut-être de prendre confiance en la possibilité, un jour, de pouvoir écrire quelque chose de plus complexe, de plus long, bref, un roman.
Par ailleurs, j'ai remarqué qu'il y avait un public potentielement intéressé, alors cela me semble une raison tout à fait légitime de m'engager dans cette voie.
Vous l'aurez compris, j'ai l'intention de m'amuser, me détendre et si par la même occasion je vous entraîne dans la danse, la valse de mes mots, ma foi, je serai comblé.
A propos de la solitude
I
J’aimerais parler de la solitude. Pas celle, choisie par le navigateur et compétiteur solitaire, l’aventurier, le philosophe ou l’ermite dans les bois. Pas celle, subie par le manque de dialogue dans le couple ou l’absence de ses enfants. Non ! Je parle, de celle ressentie par la suite de réflexions et l’observation d’une certaine réalité dans le rapport entre soi, les autres et la compréhension lucide du fossé qui nous entoure et nous sépare d’autrui.
La première fois que j’ai réalisé le phénomène, c’est, je crois me le rappeler, en quittant un concert. Le groupe dans lequel je chantais avait un bon retour des spectateurs, durant le show et même ensuite. Lorsque l’on chante, on donne beaucoup de soi et si le public vous répond correctement, c’est comme une caisse de résonnance, alors on se sent porté par l’échange et l’on se dépasse. A l’issue de la prestation, des admirateurs viennent vous féliciter, vous encourager, ensuite c’est le tour des musiciens avec lesquels on s’auto congratule, puis inévitablement, on repart seul dans sa voiture et l’on rentre chez soi.
Je crois que chacun est seul, seul face à son existence, ces décisions, sa réflexion, ses pensées, son rapport au monde, à la Nature et à Autrui. Il ne faut pas confondre les associations possibles entre êtres humains, les connivences, les amitiés, la camaraderie, l’amour etc. et la compréhension de notre singularité, notre unicité au sein de l’Existence. Pour se rassurer, pour s’entraider, la plupart s’oblige à aller aux devants des autres en vue de s’y associer pour affronter l’angoisse de la vie et sa chute. Lorsque l’on a compris ce mécanisme et ce simulacre d’entente, parce qu’en fait notre crainte profonde c’est de finir et mourir seul, alors on peut aller plus loin, je crois.
Il parait que les Hommes aiment à discuter, débattre et cela s’appelle « faire société ». Pour la grande majorité d’entre eux, c’est vrai. Pour quelques autres ce n’est pas nécessaire.
Il existe une solitude voulue et cultivée. Le meilleur moyen de ne pas rentrer en conflit ou en dialogue avec autrui est de de ne pas chercher à interagir avec lui. C’est en cela que l’adage « le bonheur appartient à ceux qui se suffisent à eux même » prend tout son sens. Non pas que nous soyons égoïstes et que nous ne pensions pas aux nôtres et aux moyens de leur subsistance. Ce n’est pas le sujet.
Le sujet, c’est ce que l’on a dans la tête lorsque l’on médite sur le temps, la Vie, la Nature, Dieu, notre durée sur cette terre et à quoi on va s’occuper en attendant que « ça » (l’existence) se passe. On peut chercher à remplir ce temps en prenant soin des siens et des autres et parce que l’on se sait (se croit) indispensable, on en retire un sentiment de plénitude, de contentement (en réalité on se rassure) mais est-on moins seul pour autant ?
Pour ceux, fusionnels avec leur conjoint, qui mettent tout en commun, croyez-vous qu’ils fassent l’économie d’un cerveau ? Non ! Ce n’est pas possible ! Nous avons tous un jardin secret, une intimité, quelque chose de non sécable, de non partageable.
D’autres, consacrent du temps et des moyens à être entourés d’amis, de relations mais ce ne sont là que pis- aller, toujours dans le même but échapper à cette solitude intrinsèque qui en effraie plus d’un.
En rencontrant Yvan Bourgnon, après quelques échanges je me suis rendu compte que celui-ci n’avait pas eu le temps de s’ennuyer ou de réfléchir durant ses périples en solitaire. Toute sa faculté d’agir, sa vigilance et sa réflexion était mue par le réflexe de survie ou sa concentration sur l’objectif et l’envie de gagner. En quelque sorte, une autre façon de « meubler » le temps de son existence en privilégiant l’adrénaline et le frisson plutôt que la métaphysique et la pensée.
Je voulais expérimenter, l’année dernière, le fait de vivre seul dans un gîte une semaine ou deux mais des contraintes familiales m’en ont empêché. Peut-être qu’à cette occasion je me serai rendu compte du peu d’intérêt du projet ou de la situation ? Du coup, j’expérimente le fait d’être seul tout en étant entouré de tous et sollicité par tous…
Et finalement pour cela il suffit de répondre des banalités, ne pas chercher l’interaction ou le dialogue, fuir les conflits, lire, consulter ses mails ou écrire. Je discute plus avec mon fils de trois ans, qui pose des questions innocentes et vraies, que tout autre individu dont le propos est souvent accompagné d’arrières pensées ou de préjugés.
Voilà, c’est un début de partage de réflexions sur la solitude. D’ailleurs est-ce le bon vocable ? La définition est : l’état ponctuel ou durable d’un individu seul qui n’est engagé dans aucun rapport avec autrui. Dans ce cas, elle réfère à l’isolement social, le fait de physiquement ne pas être en contact avec d’autres humains ou animaux.
Pourquoi est-ce présenté comme un état douloureux ?
II
Reprenons notre sujet en le reformulant. La solitude choisie, assumée, et surtout lucide. Je la trouve mal nommée et mal définie. Je parlerai plus volontiers d’un détachement volontaire, d’un recul, d’une distance assumée. Au bout du compte, elle se renforce en milieu occupé, en famille, en société de façon proportionnellement inverse au taux de sollicitations que vous rencontrez.
L’avantage d’avoir un habitat suffisamment grand permet à l’individu de s’échapper du groupe momentanément puis renouer le contact, pour les sujets communs ou le fait de remplir son rôle de parent. C’est un peu comme la lecture de mes livres, plus je dispose de temps pour lire et moins je lis d’ouvrages. A l’inverse, moins je dispose de temps pour lire, plus je m’organise pour trouver et libérer des créneaux et plus concentré je suis durant ceux-ci et plus je lis d’ouvrages. Et la notion de plaisir liée à cet état de fait provient de la satisfaction d’avoir su se débrouiller pour lire un nombre de pages quotidiennes malgré les contingences, les charges et les responsabilités qui vous incombent. Ce qui apporte du plaisir, c’est donc la fuite momentanée, l’absence voulue, le retrait de la société volontaire, déterminé et surtout obtenu. D’où la joie ressentie le matin aux aurores dans le parfait silence de la maisonnée encore endormie. D’autant que vous ne confisquez pas de votre temps de disponibilités aux autres et que votre conscience est parfaitement sereine à ce sujet.
Alors pourquoi parler d’état douloureux ?
Je poursuis mon rapport d’étonnement, car avec l’âge et la prise d’habitudes, les écueils rencontrés par le solitaire, de saillants deviennent ténus.
Exemple : Suite à une réorganisation, mes équipes ayant changées de hiérarchique, prenaient leurs repas avec leur nouveau « chef » ou entre eux et ne cherchaient plus à m’inviter à partager leur pause. J’en avais ressenti, au début, une détresse et un ostracisme. Depuis c’est devenu une de mes forces, je ne recherche pas la présence des uns et des autres, pour manger. Au contraire, j’apprécie de me retrouver dans un restaurant bondé et bruyant pour m’isoler encore mieux dans ma bulle et lire quelques pages d’un de ces livres qui m’accompagnent tout le temps. Même lorsque je reste dans le bureau je demeure à mon poste plutôt que manger à la même table que tout le monde.
Mais je ne vais pas m'étendre sur le sujet qui est accessoire à ce qui fait l'objet de notre débat. La question pourrait se poser ainsi : l'homme est un être sociable (ou supposée l’être) et s'il est isolé de ses semblables, il devient triste et ressent la solitude, sentiment douloureux. Pourtant, on pourrait tout aussi bien rétorquer, avoir charge de famille, femme et enfants vous contraignent à vivre constamment en groupe et ne pas disposer de suffisamment de temps pour soi, uniquement pour soi, cela aussi, peut s'avérer douloureux, car on peut avoir la sensation de se sacrifier pour les siens. Une personne expérimentée, sage, compléterait en suggérant de ménager un équilibre entre toutes ces sollicitations en répartissant du temps pour ses enfants, du temps pour son couple et du temps pour soi seul et/ou avec ses amis.
Notre solitude, c’est en fait, la prise de conscience aigüe de notre finitude. Tout le reste est du « bla-bla ». Nous savons que le moment viendra, nous le voudrions le plus tard possible, mais nous ne sommes maître de rien et c’est cela qui provoque notre douleur, rien d’autre.
Pour ce qui me concerne, je médite depuis longtemps sur le sujet (j’ai fait ma thèse de diplôme d’architecte sur l’urbanisme d’un cimetière paysagé pluriconfessionnel) et voudrais ne pas avoir peur, être prêt et serein au moment où viendra cet ultime rendez-vous. Ma solitude, consiste en ce travail sur moi, pour acclimater, apprivoiser tout ce qui tourne autour de la mort en vue d’être calme et peut-être même enjoué à l’idée de faire le dernier voyage et surtout de la « vivre » pleinement cette mort …
III
Epicure insiste sur la nécessité de l’Amitié avec un grand A et moi je dis que l’on peut s’en passer. Mieux ! Je dis, que je suis mon meilleur ami. Même si j’ai quelques reproches à m’adresser (des détails…), pour l’essentiel je suis en phase avec moi-même et la cohérence est un but pour moi. Mais attention ! Cela ne veut pas dire que je sois monolithique ou fait d’un même matériau. Non, il est question d’articulations harmonisées entre plusieurs aspects. Il s’agit d’un dosage conscient visant à l’ataraxie.
Je reprends et résume mon propos : Notre solitude provient de la prise de conscience aigüe de notre finitude, elle s’accompagne d’une douleur causée par l’absence de certitudes sur la durée et la fin de notre existence.
Les personnes qui refusent de voir la mort en face (une grande part de notre Société consumériste et matérialiste) nient son existence. Elles sont encore plus démunies face à l’absence de réponses et au vide qui s’ouvre devant elles en sa présence. Comme elles occultent la mort, c’est à chaque fois un dur rappel à la réalité, lors de la perte d’un proche, d’un collègue, de la cruauté de l’actualité, des informations. C’est pour prévenir cela que toutes les Ecoles et sectes Antiques, préconisaient comme exercice de se familiariser avec la mort, d’y penser sans cesse, dans le seul but de l’apprivoiser, jusqu’à en faire une banalité, une formalité, un moment choisi, attendu comme une issue favorable et honorable.
Par ailleurs, avant l’influence notable de la civilisation Judéo Chrétienne, le recours au suicide était tout à fait permis et vécu, et narré comme un choix de se libérer par soi-même. J’en conclu que la fameuse douleur qui accompagne la solitude est aussi due à cette imprégnation Chrétienne de notre Culture. Un Japonais qui à la Culture du sacrifice ritualisé de sa personne et qui porte une vision très haute, honorable et positive de la façon de mourir en Samouraï ne ressentira pas la même douleur face à l’insondable de l’existence. Comme les hommes de l’Antiquité, il sait se libérer des liens qui le retiennent en vie, si nécessaire.
A ce stade, que devient ma définition ?
IV
La solitude : Une prise de conscience aigüe de notre finitude qui parfois s’accompagne d’une douleur causée par l’absence de certitudes sur la durée et le terme de notre vie. Cette douleur aux racines Judéo-Chrétienne peut s’effacer par la pratique d’exercices spirituels visant à apprivoiser la mort et envisager le suicide à la façon des hommes de l’Antiquité ou des Samouraï plus contemporains de nous.
Bien que j’apprécie beaucoup les Stoïciens (Hommes de l’Antiquité auxquels je fais référence ci-dessus) je ne voudrais pas être confronté à la décision du suicide. Autant je la comprends et l’intellectualise, autant un sûr instinct de survie et un espoir chevillé au corps me l’interdisent. Ce n’est donc pas cette perspective ou cette simple idée qui sont en mesure de m’affranchir de la supposée douleur qui accompagnerait la solitude. J’ai donc exploré une impasse pour ce qui me concerne. Et pour être complet, je manque totalement du courage nécessaire pour mettre, volontairement, fin à mes jours.
En conséquence et c’est là que je rejoins Camus, je pense ; autant occuper le temps qui nous est alloué de façon satisfaisante en trouvant un équilibre entre désirs personnels, famille, autrui et les devoirs que l’on s’impose pour jouir de la dignité d’être un Homme et un supposé « cerveau sur pattes ».
J’ai donc défini une attitude choisie face à la douleur mais je n’ai toujours pas déracinée cette dernière.
L’extrême justesse du raisonnement Stoïciens, partagé par le Zen est qu’ils proposent de se concentrer sur l’instant présent et ne surtout pas avoir de regrets concernant le passé ou fomenter des espoirs vains relatifs à l’avenir. Théoriquement cela fonctionne plutôt bien. Dans les faits, nous sommes happés par notre éducation et notre perception du temps. Ce que je m’amuse à déconstruire d’ailleurs, depuis quelques années.
Comment ?
En considérant que chaque jour est absolument unique, une chance, une bénédiction, une « journée de la marmotte ». Vous vous resituez le film ? C’est l’histoire d’un homme qui est prisonnier de la même journée et qui l’aborde tous les matins sous un nouvel angle. En conséquence, je numérote les jours de mon existence, en vue d’en approfondir l’importance, la signification, le poids et afficher ainsi que j’ai parfaitement conscience que cela pourrait être ma dernière journée sur terre, que c’est pour cela que je ne dois pas en gâcher le contenu et que je dois profiter des instants qu’elle me réserve et propose. Mais le plus dur est de battre en brèche ses habitudes, ses propres rituels, cela nous doit venir, de l’enfance car le cadre, la reproduction des même faits et gestes rassurent. Le risque est donc de passer complètement à côté de cette journée qui aurait dû être exceptionnelle.
Pourquoi ?
Parce que si nous étions attentifs (je n’ai pas dit concentrés) à la Nature, à de petits faits, à ce qui nous entoure, à ce que nous ressentons, éventuellement à notre interaction avec autrui. Soyons fous ! Intéressons-nous également aux autres, en observateur empli d’empathie et d’amour, alors, notre regard est changé, notre rapport à l’autre est mêlé de respect et de considération, de distance et d’intimité, allant jusqu’ à la sensation de fusion. Donc aussi fou que cela puisse paraître, la solitude assumée, reconnue et entretenue peut mener via le regard distancié à la sensation d’appartenance, à la totalité et au monème, la « substance » de Spinoza et à l’univers du micro au macro.
23/08/2018
Début des vacances
Pour le moment, je ne lâche pas assez prise avec le quotidien et les contraintes de type : jardinage et travaux dans la maison.
J'ai le réflexe de vouloir justifier mon temps libre parce que j'ai agit efficacement auparavant.
Je suis encore dans le système de "récompense" inculqué à tout travailleur.
Il va falloir que, d'ici quelques jours, je quitte cette vieille peau et fasse ma mue pour retrouver la couleuvre qui sommeille en moi.
Celle qui veut seulement rester tranquille au soleil à ne rien faire.
Et peut-être même pas penser...
Pierre, papier, ciseaux
Notre enfance et nos jeux, innocents à l’époque…
Deux boîtes, une ficelle et des murmures complices
Nos gages moyenâgeux pour faire descendre mon froc
Ta gorge de jouvencelle, sur mon bout de réglisse
Ta langue toujours pendue, les boucles de ta nuque
Dans ta bouche bien moite où je glissais mon dard
Jolis fruits défendus d’un regard je reluque
Bise à la fente étroite, toi tu piquais un fard…
Pierre, papier, ciseaux, tu as encore perdue
En otage ta culotte, je l’enlève sans une plainte
Mon gracile roseau est bien mûr et tendu
Tu trembles, tu grelottes, peur de tomber enceinte
“Trop profond ton fuseau !” Souvenirs de tordu ?
“Évanescente palotte, ma racine t’éreinte ?”
La sensibilité
Ta sensibilité n'échappe pas à la règle
Tu la vis un instant, certes fugace et intense
Telle une éternité, une proie vue par l'aigle
Tel un nouveau printemps, une fièvre que tu danses
Pour sentir simplement chaque minutes et secondes
"Je" en oublie le "moi", mais ma raison "me" veille
Pour le dire plus crûment, la blessure est profonde
Quels que soient tes émois, un jour la mort te raille
Les mots guidés par Dieu s'incarnent dans ma plume
Le poète est prophète, sa parole est divine
Entame tes adieux, si tu restes dans la brume
Ou bien rejoins la fête et fais nous bonne mine
Pour qu'un sourire radieux, oui, enfin t'illumine
Arrète tes enquêtes, tout ce qui détermine...
La perversion
Ma chère ! La perversion ? Le moindre de mes soucis
Comme Sade, le philosophe, je me délecte du vice
Et vous, chère obsession ? Voulez-vous de mon récit ?
Mais, avez-vous l'étoffe ? De faire mon délice ?
Quand vous saurez mes règles, vous crierez : "insensé!"
Je puis vous dévorer, la chatte durant des heures
Écorcher, tel un aigle, la peau des fesses pressées
Vous aller adorer, motte fondue comme du beurre
Bientôt vos cris obscènes, sous ma langue saccadée
Tout en mouille et en bave, vos griffes dans mes épaules
Caresses pour le moins saine, votre cul en embardée
Petite mort, faite épave, je présente ma gaule
A vos lèvres incertaines, sans soupirs, sans tarder
Vous avalez en brave, tandis que je rigole...
Qu'on me lise ici ?
Qu'on me lise ailleurs ? Quelle est l'importance ? En fait personne ne fait attention aux autres. Et peut-être moi le premier...
Nous avançons tels des canards sans tête, obnubilés à joindre les deux bouts, faire au mieux pour nos gosses et tirer notre épingle d'un jeu toujours plus absurde ou mercantile.
Heureusement, des parcelles d'humanité et de Nature subsistent et nous les contemplons comme un dernier coucher du soleil. Subjugué par le spectacle et en amour de ces derniers éclats, de ce que nous savons déjà perdu.
Parfois une fée me distrait, mais la lucidité veille et la fin de journée est toujours aussi atone et triste.
Miracle, ce matin je suis encore de ce monde...
On va pas se mentir
Je crois fondamentalement qu'il est absolument impossible de trouver quelqu'un avec qui l'entente sera aussi parfaite qu'avec soi même.
Dorénavant, je vais me concentrer sur ma joie intérieure et ne plus chercher auprès d'autrui ce que je sais être déjà en moi.
C’est à cette condition que je serai pleinement apaisé, heureux et que les tracas du quotidien et des gens toxiques glisseront sur mes plumes comme par enchantement.
Surtout ne dépendre de personne. Y compris dans cette quête que j'ai des mots, je vais arrêter de quémander et revenir à mes chères lectures, tellement plus captivantes.
22/07/23
Moi
Recueil de 100 poèmes érotiques
J'ai entamé la rédaction d'un recueil de poèmes érotiques et je posterai ici certains d'entre eux.
Espérant que les lecteurs manifesteront leur enthousiasme...
De toute façon il faut bien s'amuser un peu ?
La bouche pleine de lui…
Madame se veut féline, son amant gentleman,
Jardins de Port-Royal, il lui tète les seins
Coquine comme une lapine, de tout son corps émane
Les fragrances bestiales, l’homme viril n’est pas saint,
Il veut prendre sa fleur durant leurs jeux coquins.
La séductrice sensuelle prend l’attitude joueuse
Son regard ravageur confère à l’oeil taquin
Perturbante jouvencelle vise la queue noueuse…
Cher ami ! Prenez moi ! Diantre ! Veuillez me doigter !
Encore un doigt ou deux, sauvagement comme j’aime !
Si mon minou larmoie, c’est la félicité !
Pudeur, je dis adieu, mes fesses pour emblème
La chienne est en émoi, charmeuse virilité
Bouche bée, sourire radieux, je voudrais votre crème…
Malgré sa beauté
J’ai bousculé un ange. Elle a dit : “ça me change”,
“Souvent les autres, n’osent pas, par peur de mes appâts”
“Or, je ne sors pas des langes, parfois le loup me mange,
Mes baisers, son repas, avant l’heure du trépas”
“Normal, j’ai des envies, de succions et de vits
Et bientôt dans la chambre, volontiers je me cambre,
Mes dessous, dans un cri, il découvre, tout surpris,
Rouge ! La motte de décembre, culotte, hot ! pour le membre…”
“Jambes ouvertes pour sa bouche, minou sur quoi il louche,
Avec ces mots plaisir, il provoque mon désir.”
“Ce soir il a fait mouche, à distance il me touche…”
“Pourquoi se ressaisir ? J’accepte mon plaisir,
Et souvent je l’enfourche, aller hop, sur la couche !
Aimer à en gésir, l’extase est à saisir…”
Le matin
Les pensées du matin sont si précieuses qu'elles ne devraient avoir pour écrin que le café brûlant, en écho, des songes de la veille...

A propos de "Baby doll"
C'est un sonnet écrit avec 15 mots confiés par @hecate, autrice remarquable d’instagram.
Je l'ai écrit durant une promenade, comme cela m'arrive souvent. Dans la fraîcheur du matin et le reste des aigreurs de l'alcool de la veille. Je reconnais que l'amertume guide parfois mes vers, alors j'y met une pincée d'érotisme pour édulcorer le tout.
La muse d'enfance est à la fois une quête éternelle pour le poète mais également un épouvantail pour l'homme rangé et attaché à son confort bourgeois.
La pensée s'évade du particulier à l'universel et c'est ainsi que la magie opère, bercée par le cadencement de mes pas.

Terroirs
J'ai envie, de faconde, d'accents de nos terroirs, les patois, les créoles, toutes ces langues d'autrefois, de nos aïeux, tintantes, chantantes, bouleversantes d'amour, d'herbes pays et d'humanité.
La musique, les paroles de la cuisine où l'on fabrique la pâte à gâteau, le fournil et son pain craquelant, le pain perdu dans sa crème et le labeur dans les champs et les chants dans les "coups de main".
Résonnent les tambours, sifflent les binious, vibrent les accordéons, virevolte la musette.
Montez plus haut, les voix de nos ronds points. A ça ira que vienne la fête...

Jeux de mots
Hé ! Crie ! Vin ! Mes rats t'eurent
Jeux de morts sûrs, jeux de ville, hein !
Tout me semble vain, foin pauvre pâture
Gaffe ! Au fond des bitures, surnagent les requins
L'âme ne restera pure qu'avec le bon levain
L'Homme ce pauvre nain, fonce à toute vibure
Vers sinécure et droit pétrin
Très malsain, vraie fêlure…

"C'est ma faute"
Hasard des pénombres enlacées, j'avance, tranquille, serein, laminé.
Peines se mettant en mouvement, seules par leur dynamisme mutées.
La vue des virages et des chutes embardées, souvenirs d'une enfance campagnarde sur les monts de goyaves, zikaks et campêches.
Les flamboyants et les calebasses, la mer, son écume de dentelle, tout me manque.
Même le crabe à la très grosse pince, battant sa coulpe en cadence : "C'est ma faute", "C'est ma faute" dans son écrin de marécages et raisiniers, de sable et de mancenilliers, mon île, petite, fragile et tellement fière.

Lequel es tu ?
Parmi ces milliers de galets, de grains de sable, lequel choisirais tu ? As tu essayé de les mettre en équilibre les uns sur les autres ? Former des barrages contre la houle ?
As tu pris soin de les mouiller pour voir leur coloris ? Les as-tu collectés, pour les collectionner ?
Il en va des galets comme nos semblables, pris dans un mouvement qui les dépasse, une houle, qui les polis, les use.
Je pourrais passer des heures à les contempler, les trier, les choisir, renoncer, me détourner, m'enticher et finalement, invariablement repartir avec quelques uns d'entre eux, pour leur forme, leur couleur, leur douceur, leur singularité.